La véritable influence des agents de footballeurs algériens

21/08/2014 - 18:02


Le métier d’agent de joueurs se développe doucement en Algérie, dans le sillon de la professionnalisation du football. Historien du sport et spécialiste de l’immigration sportive et notamment algérienne, Stéphane Frenkiel* dresse un état des lieux des agents de joueurs algériens. Entretien.

Les agents de joueurs algériens existent-t-ils depuis longtemps ?

Ce qu’il faut savoir d’abord c’est que les pionniers des agents en France viennent d’Algérie. Ce sont des pieds noirs. Il y a eu Alain Migliacio (agent de Zinédine Zidane), et Jean-François Larios (Patrick Vieira). Ils ont importé le métier en 1984. Depuis, une nouvelle génération d’agents venus du Maghreb a émergé dans les années 1990. C’est notamment dû au fait que la FIFA a supprimé en 2000 l’obligation de caution bancaire de 200.000 Francs suisses. Avant, ils n’étaient que des collaborateurs d’agents ou de simples dénicheurs de talents.

Quels sont les agents qui émergent aujourd’hui ?

On peut citer Karim Djaziri, l’agent de Karim Benzema, auquel le joueur est d’ailleurs très fidèle, ce qui est plutôt rare dans ce métier. Il y a également Karim Yebda, le frère d’Hassan le joueur de l’équipe d’Algérie ou Hocini Boulanouar, un agent avec une licence algérienne. Mais en France celui qui est dans le top 10 des plus influents, c’est Karim Aklil.

Une personnalité controversée…

Oui, notamment parce que son ascension a été fulgurante et qu’il a suscité de nombreuses jalousies. C’était un organisateur de soirées de rap qui s’est vraiment lancé dans le métier en 2009 en s’adressant à des joueurs qu’il avait croisés à certaines de ses soirées. Il obtient rapidement des joueurs influents dans son carnet d’adresses, dont Mamadou Niang, l’ancien attaquant de l’Olympique de Marseille. Il s’occupe ensuite de joueurs algériens prometteurs comme Boudebouz, Kadir, Slimani et Ziani, même si ce dernier est aussi entouré par son père.

Malgré un très bon Mondial, les Internationaux algériens ne se sont pas très bien vendus sur le marché des transferts. Peut-on imaginer que leurs agents n’ont pas bien fait leur travail ?

C’est possible, même si je n’ai pas beaucoup suivi le mercato côté Fennecs. À un moment, cela ne suffit plus d’avoir un membre de sa famille comme agent. Car la fonction première d’un agent c’est d’ouvrir des réseaux. Et le choix par le joueur est déterminant. Car ce sont eux qui permettent l’entrée des joueurs sur le marché. Et ce sont eux qui facilitent leur accession à d’autres clubs plus influents, en fonction de leur réseau. Leur responsabilité est très importante.

Le championnat algérien est-il bien doté en matière d’agents de joueurs ?

Disons que le métier est en train de se développer. J’ai rencontré des agents lorsque j’étais en Algérie, il y a quelques années, qui me disaient que la fonction était en train de se créer. Aujourd’hui, il y a une trentaine d’agents dans le championnat. Mais avec le récent professionnalisme il devrait y avoir bientôt un noyau dur de quatre ou cinq agents et de nombreux autres qui graviteront autour des joueurs. Mais pour le moment, les enjeux économiques ne sont pas encore assez grands pour eux.

*Stéphane Fenkiel est l’auteur de l’ouvrage « Une histoire des agents sportifs en France » aux Editions Cies.