Les 10 conditions du profil idéal du futur président algérien

24/01/2014 - 14:35


Comme je l’ai signalé souvent dans mes différentes contributions entre 2007/2013, l’Algérie est à la croisée des chemins, l’économique étant déterminant relevant donc de la sécurité nationale. Ou l’Algérie réalise une transition économique, sociale et politique maîtrisée entre 2014/2020, avec pour finalité un développement durable, s’insérant dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, ou elle se trouvera éternellement sous développée avec des remous politiques et sociaux.
Celui qui sera élu président de la république en avril 2014 héritera certes d’une bonne situation financière mais d’une situation économique et sociale difficile, assistant en 2013 à une déconnexion entre la sphère financière et la sphère réelle, rendant urgent la réorientation de toute la politique économique et sociale. Il devra, selon mon humble point remplir certaines conditions.
1.- Le futur président doit avoir une moralité sans faille, s’engager à privilégier que les intérêts supérieurs du pays non en paroles mais en actes, promouvoir la condition féminine condition de la vitalité de toute société, combattre le régionalisme, le népotisme, toute forme de racisme et de xénophobie, pour que le discours politique puisse porter.
2.- Le futur président ne devra en aucune manière être impliqué directement ou indirectement dans des affaires de corruption, qu’il s’agira de combattre avec détermination, tout en évitant tout règlement de comptes inutiles, car c’est la magistrature suprême. Les relations personnalisées étant inefficaces par définition avec des risques d’abus, les institutions gelées à présent Cour des Comptes, Conseil National de l’Energie, Conseil de la Concurrence, parallèlement aux mécanismes démocratiques de contrôle, doivent être réhabilités.
3.- Le futur Président devra dépasser le cadre étroit d’un Parti, du fait de la non représentativité réelle des actuels partis, en attendant la recomposition politique qui devrait donner naissance à grâce à une saine concurrence, deux à trois grands partis réellement ancrés dans la société, qui fera que c’est le parti dominant qui dirigera le pays.
4.- Le futur président, il faut être réaliste, tenant compte des différents rapports de force, doit réaliser un minimum de consensus politique, social et économique en cette période de transition, si l’on veut évier des remous incontrôlables et des affrontements par personnes interposées inutiles pour le devenir du pays. Cela ne saurait signifier unanimisme, signe de décadence de toute société. L’objectif stratégique est d’aller un Etat de Droit, d’appliquer la Loi dans toute sa rigueur impliquant une véritable indépendance de la justice et la Démocratie tenant compte de l’anthropologie culturelle de l’Algérie.
5.- Le futur président devra s’engager pour un dialogue permanent productif sans exclusive, avec des réseaux décentralisés crédibles servant de relais entre l’Etat et les citoyens, comme outil privilégié de la gouvernance, évitant le monologue avec des organisations non représentatives créées artificiellement par l’administration, vivant de la rente. Il devra éviter toute vision autoritaire, ère du passé, personne ne pouvant se targuer d’être plus nationaliste qu’un autre, garantir les espaces de liberté, le monde avec la révolution d’internet étant devenu une grande maison en verre, impliquer les citoyens par une véritable politique de décentralisation, au moyen de la régionalisation économique, qui ne saurait signifier régionalisme avatar du système rentier bureaucratique.
6.- Le futur président devra avoir une vision stratégique du développement du pays à l’aube de grands bouleversements géostratégiques, qui ont un impact sur le développement interne, avoir une parfaite connaissance de la situation sociale et économique du pays, être proche des préoccupations du peuple, donc être pragmatique et réaliste loin des schémas théoriques stériles. Afin de tracer la future trajectoire et les perspectives du pays, il devra forcément dresser un bilan objectif, sur la situation réelle tant des réserves en hydrocarbures et des réserves de change, propriété de tout le peuple algérien et ce dans le cadre d’un débat national, associant les experts et toutes les fores sociales, économiques et politiques.
7.- Le futur président devra avoir une parfaite connaissance des rouages internationaux et des enjeux géostratégiques mondiaux tant dans le domaine économique que sécuritaire, notamment favoriser l’intégration du Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique, continent qui devrait tirer la croissance de l’économie mondiale horizon 2030, l’Algérie pouvant jouer le rôle de pays pivot au sein de ce continent, préparer l’Algérie au dégrèvement tarifaire horizon 2020 (Accord signé avec l’Union Européenne) et accélérer le dossier de l’adhésion à l’organisation mondiale du Commerce ( OMC), tout en n’oubliant pas l’apport de notre émigration tant sur le plan intellectuel, technologique que financier.
8.- Le futur président devra mettre en œuvre une nouvelle gouvernance et réhabiliter le savoir, l’entreprise qu’elle soit publique ou privée, piliers du développement du XXIème siècle, étant à l’ère du primat de la connaissance en combattant les rentes spéculatives, la bureaucratie néfaste et favoriser l’intégration de la sphère informelle au moyen de mécanismes transparents.
9-. Le futur président devra mettre en place d’ores et déjà la transition énergétique car que ce n’est pas une question seulement d’offre pour Sonatrach mais de demande avec la concurrence aiguë qui s‘annonce, des couts croissants et des nouvelles mutations énergétiques.
10.- Le futur président doit tenir un discours de vérité impliquant d’ailleurs la refonte de tout le système d’information économique algérien au sein d ‘une structure indépendante. Il s’agira d’éviter tant l’autosatisfaction, source de névrose collective, que la sinistrose, tout ce qui a été accompli entre 2000/2013 n’étant pas totalement négatifs. Personne ne peut nier les importantes réalisations notamment dans les infrastructures du fait que durant la période 1990/2000, la demande sociale a été compressée. Mais personne ne peut nier également, les insuffisances. L’importance de la dépense publique n’a pas été proportionnelle aux impacts économiques et sociaux, en moyenne 3% de taux de croissance alors qu’il aurait du dépasser 10%, les segments hors hydrocarbures dont le BTPH étant eux mêmes tirés par la rente des hydrocarbures, le secteur industriel représentant moins de 5% du produit intérieur brut. C’est que les réformes de structures qui conditionnent la relance économique véritable ainsi que les ajustements économiques et sociaux nécessaires ont été différés. Ils seront douloureux entre 2014/2020, les tensions financières et budgétaires étant prévues ver s’horizon 2017. Il deviendra alors impossible de verser de continuer à verser des traitements sans contreparties productives, de maintenir le niveau actuel de la dépense publique tirée seulement par la rente des hydrocarbures traditionnels qui vont à l’épuisement horizon 2030 au moment où la population algérienne tendra vers 50 millions d’habitants, posant la problématique de la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux.
En conclusion, puisse l’Algérie, en cette échéance cruciale pour son devenir, pendre un nouvel élan, réaliser une transition politique et économique et sociale pacifique n’ayant pas besoin de remous, l’Algérie ayant vécu un drame entre 1990/2000 qui a fait plus de 200.000 morts. Puisse l’Algérie connaitre un développement réel et non artificiel reposant sur la rente, conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale. Puisse le dialogue permanent l’emporter sur la confrontation, pour la stabilité de l’Algérie, stabilité qui conditionne la stabilité de toute la région euro-méditerranéenne et euro-africaine.
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités et expert International en management stratégique