Santé économique : les chiffres et les mots

24/01/2014 - 14:50


Loin des chiffres ronflons balancés à tort à et à travers par les ministres et les autres responsables pour maquiller un bilan bien terne, le centre national d’informations et des statistiques (CNIS) met à nu le discours officiel sur la réduction des importations. A la fin de l’année 2013, le volume des importations de l’Algérie a connu un pic jamais égalé en atteignant 54, 85 milliards de dollars.
Un record absolu qui en dit long sur l’inefficacité de la politique économique mise en œuvre. Du coup, la balance commerciale s’en est trouvée gravement impactée avec notamment la chute météorique de l’excédent commercial de l’ordre de 48,51%, soit à 11,06 milliards de dollars contre 21,49 milliards en 2012. Tous les indicateurs publiés aujourd’hui par le CNIS sont au rouge s’agissant de la balance commerciale.
Avec ce pic de 54,85 milliards de dollars, les importations ont ainsi bondit de 8,89%, par rapport à l’année 2012 durant laquelle l’Algérie a importé pour un peu plus de 50 milliards de dollars. Première conclusion : l’Algérie dépend quasi exclusivement de l’étranger s’agissant de l’achat des produits alimentaires et des équipements. Autrement dit, elle ne produit presque rien et n’exporte que les hydrocarbures et les produits dérivés.
Record absolu des importations
Le CNIS, qui dépend de l’administration des douanes souligne en effet que les exportations, «essentiellement des hydrocarbures», ont atteint près de 65,92 milliards de dollars contre 71,86 milliards en 2012, en baisse de 8,28%, selon les chiffres provisoires du CNIS. Les hydrocarbures ont représenté 96,72% du volume global des exportations. Quant aux exportations hors hydrocarbures, malgré une augmentation de 5% en 2013 par rapport à 2012, elles restent «toujours marginales, avec 3,28% du volume global des exportations, soit l’équivalent de 2,16 milliards de dollars, selon le centre des statistiques des douanes.
Les mises en garde de Djoudi au placard
En clair, il y a eu conjonction (malheureuse) d’une chute des exportations des hydrocarbures à cause notamment de l’attaque de Tiguentourine, et une hausse inconsidérée des importations tirées par la disponibilité des moyens. Le gouvernement qui avait à cœur d’acheter la paix sociale, à laissé prospérer une faune d’importateurs qui ont siphonné les devises pour acheter des madeleines et des kiwis.
Et si les prix du brut venaient à chuter ? L’économie nationale basée sur la rente s’écroulerait comme un château de cartes avec tout ce que cela suppose comme grogne sociale. En effet, à court de liquidités pour faire face à une armée de fonctionnaires et à importer les biens de consommations, le gouvernement n’aurait aucune parade pour se tirer d’affaire. Le ministre des finances a plusieurs fois mis en garde contre ces dépenses aussi inutiles et inconsidérées et aux programmes d’équipements publics budgétivores.
Mais personne ne semble capter ses avertissements. On l’aura évidemment compris, l’année pré électorale de 2013 était propice à toutes les folies dépensières quitte à mettre les équilibres économiques en danger. A l’heure où l’on glose à satiété sur la relance économique, ces chiffres effarants du CNIS ont le mérite de nous rappeler la triste réalité que la magie du discours politique a du mal à cacher.